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main matin l’humanité tout entière sera lunatique – y compris moi-même !

Il parvint, après des détours fatigants, à rentrer chez lui. Sa bonne Césarine l’attendait, horriblement hagarde, ivre de drames et d’épouvante. Elle avait passé les heures dans un cabinet obscur, en compagnie de vieux habits, de caisses vétustes et de poteries ébréchées.

— Monsieur, geignait-elle… Monsieur ?

Des pleurs crasseux striaient son visage.

— Est-ce qu’y vont nous assassiner, ou nous rôtir vivants, ou nous enfumer comme des rats ?

L’effervescence de cette créature exaspéra Meyral. Il considérait nerveusement le visage bouilli, les yeux étincelants sous les larmes, les cheveux échappés aux épingles et qui pendaient comme un reste de crinière râpée ; il avait envie de lui briser une cornue sur la tête ou de la chasser à coups de pilon. En même temps, il avait pitié d’elle, il conce-