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parts les fugitifs revenaient en marée. On entendait la chute molle des corps, le choc des crânes contre le pavé, les cris des blessés et des agonisants.

— En avant ! hurlait une voix de colosse. Aux ministères, à l’Élysée, au télégraphe !

L’ouragan de clameur déferla, et la multitude se rua frénétiquement vers la gare Montparnasse. Pendant dix minutes, le courant parut inépuisable. Puis il s’éclaircit : il n’y eut plus que des bandes éparses, des solitaires éperdus, des femmes aux chevelures croulantes, des badauds et des curieux penchés sur les allèges des fenêtres.

Alors, on vit les cadavres allongés sur les trottoirs ou dans le ruisseau ; des blessés se traînaient vers les portes, d’autres pantelaient, hurlaient, ou râlaient… Les aéroplanes avaient disparu.

— C’est immonde ! criait Langre.

— Ils ne savent pas ce qu’ils font ! soupirait Meyral, tandis que Sabine, les yeux grands d’épouvante, et plus blême que les