Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un spasme le secoua, sans entraver sa marche ; les quais et les rails se décelèrent plus sinistres encore que la salle d’attente. L’éclairage était piteux, deux ombres erraient misérablement, et le cœur de Georges sursauta : il venait d’apercevoir là-bas, cachée par une colonne, une femme assise. Un enfant était auprès d’elle, elle en tenait un autre sur ses genoux.

— Sabine, chuchota-t-il.

Des souvenirs s’élevaient, si doux, si frais et si tristes qu’il en était secoué jusqu’au fond de l’être. Il les refoula et se présenta devant Mme Vérannes avec un visage calme. Eût-elle vu un loup, elle n’aurait pas paru plus saisie. On voyait trembler sa petite main ; elle étreignait convulsivement son enfant ; le feu de ses prunelles scintillait comme le feu des étoiles ; tout à la fois, elle révélait un étonnement exagéré et une terreur inexplicable.

— Est-ce le hasard qui… balbutia-t-elle.

Elle demeura court.