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horde, traversa les champs déserts et atteignit la lisière de la forêt. La forêt aussi était abandonnée. Ses rares habitants humains, j’entends ceux qui y résidaient à demeure, l’avaient fuie pendant la catastrophe planétaire ou étaient morts. Les immenses richesses « libérées » par le désastre avaient ensuite retenu les fugitifs dans les villes ou dans le village : la forêt n’offrait que sa fortune éternelle, la fortune des temps primitifs que l’homme n’hésite point à abandonner pour les biens sociaux. Les animaux mêmes étaient rares : on les avait rudement pourchassés pour remplacer le bétail englobé par les groupes ; dans le relâchement universel, aucune autorité n’était intervenue. Au reste, les gardes-chasse ayant tous émigré, il ne se serait trouvé personne pour donner à la loi une sanction positive.

— C’est la forêt vierge ! fit rêveusement Sabine.

— Sans hôtes ! grommela Langre.