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n’avait plus de conserves ; le gibier demeurait à peu près introuvable, soit qu’on l’eût anéanti, soit qu’il se fût réfugié dans des lieux inaccessibles aux groupes — car la chasse individuelle était devenue impossible. Quant aux animaux domestiques, à part tels troupeaux sacrifiés depuis longtemps, ils appartenaient tous à quelque groupe ; leur mort entraînait d’affreuses souffrances. Au reste, personne n’eût touché à un animal de sa communauté : les crises carnivores, loin de détruire les liens solidaires, semblaient les rendre plus invincibles. On ne convoitait que la chair des autres groupes.

Un jeudi, les habitants de la villa des Asphodèles attendaient le journal avec impatience. Ils terminaient leur frugal déjeuner de petits pois, de pommes de terre frites, de raisins et de poires ; la femme de chambre commençait à servir le café.

— Le journal n’est toujours pas arrivé ? demanda Langre.