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trière, une ivresse démente qui croissait jusqu’au paroxysme. Le carnivorisme débutait par une période d’accablement. L’homme ou l’animal atteints grelottaient de froid, demeuraient couchés, dans la position des « méningiteux » et poussaient des gémissements qu’il leur était impossible de réprimer.

La température descendait jusqu’à 36 degrés, quelquefois jusqu’à 35°,5. Elle remontait brusquement et atteignait 38 degrés, souvent 38°,5. C’était la période d’exaltation et de délire. Chez les animaux, elle se caractérisait par des mouvements frénétiques ; chez les hommes, elle donnait surtout lieu à des manies, à des phobies, à la folie des grandeurs ou à la folie des persécutions. Bientôt, la « faim spécifique » manifestée dès le début des crises devenait insupportable.

Dans les terroirs où l’on avait des réserves de viande, le carnivorisme n’existait guère : un repas copieux coupait les crises. Malheureusement, si les provisions végétales étaient surabondantes, les autres s’épuisaient. On