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— Bien moins qu’à moi-même ! riposta le jeune homme. Vous me manquiez tous à la fois. Je subissais une impression d’ensemble : chacun de vous ne supportait qu’une impression de détail. Et puis, je faisais un effort énorme, tandis que vous demeuriez relativement passifs.

Ils tombèrent dans une rêverie profonde, puis Gérard dit avec exaltation :

— Je sais parfaitement par où vous avez passé, et où vous avez fait halte.

— Je sais tout ce que vous avez fait pendant mon absence !

— Si je n’étais en proie au plus absurde optimisme, je serais saisi d’horreur. Car tout se passe comme si nous étions devenus une sorte d’être unique.

— Est-ce si effrayant ? chuchota Meyral.

— C’est affreux. Il suffirait que cela continue pour que nous fissions partie de la même personnalité que notre jardinier… notre chien… notre âne… et les oiseaux de la basse-cour…