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compulsassent plutôt leurs notes et y cherchassent désespérément quelque explication du fléau qui avait ravagé la terre.

Ces travaux ne les accablaient point. Ils puisaient l’allégresse à la même source où la puisaient Sabine, les enfants, les domestiques, tous les hommes du village et même les animaux. Car les vivants semblaient recevoir quelque chose de ce surcroît d’énergie qu’on constatait dans les phénomènes : les malades mêmes goûtaient on ne sait quel miel de bonheur qui adoucissait leurs souffrances et enchantait leurs répits.

Souvent, la famille s’embarquait sur l’Yonne, dans un canot pesant que menait un villageois taciturne. À tous les détours du rivage, la beauté déployait ses prestiges. Une île plantée de joncs, de saules et de peupliers, évoquait les Robinsons. Des havres abritaient une armée de glaives verts ; parmi de longues plantes fluviatiles, les poissons menaient leur vie agile et froide ; l’herbe croissait monstrueusement ; de longues bandes de