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drait deux heures encore avant de les réveiller, plein du sentiment que, dans cette circonstance, il fallait laisser agir la nature.

Comme la veille, un terrible appétit lui creusait l’estomac ; il dévora des biscuits, du pain dur et du chocolat avec sensualité. La saveur des mets semblait renouvelée, plus fine ensemble et plus intense.

— C’est le meilleur repas de ma vie ! murmurait-il dans une griserie légère. Ce vieux pain est incomparable et l’arôme du chocolat plus doux que le parfum des aubépines, des lilas et des prairies qu’on fauche.

Il travailla d’enthousiasme, variant et subtilisant les expériences, accumulant les notes. Quand onze heures sonnèrent à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, il sursauta. Fallait-il intervenir ou attendre encore ? Incontestablement, l’état des dormeurs continuait à s’améliorer. Le pouls de Sabine et celui des enfants était presque normal ; celui de Langre s’accélérait, de même que celui des servantes. Tous respiraient pleinement.