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minable. Pendant quelques minutes, cette révolte le secoua jusqu’aux racines de l’être. Puis, il découvrit une grandeur farouche à la catastrophe. Elle lui parut presque belle. Pourquoi ne symboliserait-elle pas les ressources infinies du monde ? Le sacrifice d’une humanité ne comptait guère plus, dans le cycle inépuisable des énergies, que le sacrifice d’une ruche et d’une fourmilière. Ces millénaires, pendant lesquels se suivirent les générations sorties de la mer primitive, étaient aussi fugitifs dans la vie de la voie lactée qu’une seconde dans la vie d’un homme. Peut-être était-il admirable que la longue tragédie de la Bête et de la Plante aboutît à une destruction dédaigneuse… Qu’avait été la vie terrestre sinon une guerre sans merci, et qu’était l’Homme, sinon celui qui avait massacré, asservi ou avili ses frères inférieurs ? Pourquoi la fin eût-elle été harmonieuse ?

— Non ! non ! se récriait Meyral. Ce n’est pas admirable… C’est hideux !