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d’aider Sabine à s’étendre auprès des petits, puis il se laissa tomber sur un matelas. Seul, Meyral demeurait debout.


Un rêve l’emplissait, le rêve immense des Hommes, le rêve des siècles et des millénaires. Dans les ténèbres infinies, à la surface d’un astre noir, il revoyait les aurores de son enfance, aussi jeunes que les premières aurores de la bête verticale, lorsqu’elle allumait le feu au bord du fleuve ou sur les collines.

Malgré le manteau dont il s’était couvert, il sentait le froid se glisser dans ses membres :

« Des millions de mes semblables vivent leur dernière heure ! » songea-t-il.

Puis il écouta le souffle saccadé de ses compagnons. Son grelottement augmentait ; une grande faiblesse faisait fléchir ses muscles. L’instinct le conduisit auprès de son matelas. Il s’enveloppa dans les couvertures et tomba comme une masse.