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cevait le Val-de-Grâce et le Luxembourg dans une lueur de feu de Bengale. Quelques créatures passaient sur les trottoirs, d’un pas de fantôme ; un silence noir se condensait sur le faubourg. Cependant, midi retentit à la tour prochaine et cette sonnerie prit on ne sait quelle grandeur, comme si elle venait du fond des âges, toute frémissante de souvenirs millénaires.

— L’heure du déjeuner ! fit machinalement Langre.

Catherine se leva de l’encoignure où elle était tassée et dit :

— Je vas servir.

Dix minutes plus tard, ils se trouvaient réunis dans la salle à manger. Il y avait des fruits, des biscuits, des conserves et du vin. Langre et Meyral épiaient les mets avec méfiance ; ils redoutaient qu’ils fussent devenus immangeables. Dès les premières bouchées, ils se révélèrent intacts. Et malgré tout ce pauvre repas eut sa douceur. Tous avaient faim, une faim « ralentie » mais continue, et