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« Comment le feu est-il entré dans ces pierres… et comment ne les a-t-il pas chauffées ? »

Il rendit les pierres avec cette crainte et cette méfiance que les choses mystérieuses inspirent aux hommes.



VI

PAR LE PAYS DES EAUX


Les Wah et les Oulhamr traversaient le Pays des Eaux. Elles se répandaient en nappes croupissantes, pleines d’algues, de nymphéas, de nénuphars, de sagittaires, de lysimaques, de lentilles, de joncs et de roseaux ; elles formaient de troublantes et terribles tourbières ; elles se suivaient en lacs, en rivières, en réseaux entrecoupés par la pierre, le sable ou l’argile ; elles jaillissaient du sol ou se plaignaient sur la pente des collines, et quelquefois, bues par les fissures, elles se perdaient au fond de contrées souterraines. Les Wah savaient maintenant que Naoh voulait suivre une route entre le nord et l’occident. Ils lui abrégeaient le voyage, ils voulaient le guider jusqu’à ce qu’il fût au bout des terres humides. Leurs ressources semblaient innombrables. Tantôt ils découvraient des passages qu’aucune autre espèce d’hommes n’aurait soupçonnés ; tantôt ils construisaient des radeaux, jetaient un tronc d’arbre en travers du gouffre, reliaient deux rives à l’aide de lianes. Ils nageaient avec habileté, quoique lentement, pourvu qu’il n’y eût pas certaines herbes dont ils avaient une crainte superstitieuse. Leurs actes semblaient pleins d’incertitude ; souvent ils agissaient comme des créatures qui luttent contre