Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fils du Léopard ne perdit pas de temps. Il avisa quelques pierres qu’il joignit à ses armes et courut de toute sa vitesse vers les Nains Rouges. Son mouvement les stupéfia ; ils craignirent un stratagème ; l’un d’eux, qui semblait le chef, poussa un cri aigu, ils s’arrêtèrent. Déjà, Naoh arrivait à portée de celui qu’il voulait atteindre ; il cria :

— Naoh, fils du Léopard, ne veut pas de mal aux hommes. Il ne frappera pas s’ils cessent la poursuite !

Tous écoutaient, avec des faces immobiles. Voyant que l’Oulhamr n’avançait plus, ils reprirent leur marche enveloppante. Alors Naoh, faisant tournoyer une pierre :

— Le fils du Léopard frappera les Nains Rouges !

Trois ou quatre sagaies partirent devant la menace du geste : leur portée était très inférieure à celle que le nomade pouvait atteindre. Il lança la pierre ; elle blessa celui qu’il visait et le fit tomber. Tout de suite, il lança une deuxième pierre, qui manqua le but, puis une troisième, qui sonna sur la poitrine d’un guerrier. Alors il fit un signe dérisoire en montrant une quatrième pierre, puis il darda une sagaie, d’un air terrible.

Or les Nains Rouges comprenaient mieux les signes que les Oulhamr et les Dévoreurs d’Hommes, car ils se servaient moins bien du langage articulé. Ils surent que la sagaie serait plus dangereuse que les pierres ; les plus avancés se replièrent sur la masse ; et le Fils du Léopard se retira à pas lents. Ils le suivaient à distance : chaque fois que l’un ou l’autre devançait ses compagnons, Naoh poussait un grondement et brandissait son arme. Ainsi, ils connurent qu’il y avait plus de péril à s’éparpiller qu’à rester ensemble, et Naoh, ayant atteint son but, reprit sa course.

Les Oulhamr s’enfuirent pendant la plus grande partie du jour. Quand ils s’arrêtèrent, depuis longtemps les