aussi longue et aussi harassante… Maintenant, sans relâche, la distance décroissait, qui le séparait des Kzamms. Il entendait leurs pas gratter la terre et y rebondir ; il savait à chaque moment de combien ils se rapprochaient : ils furent à cinq cents coudées, puis à quatre cents, puis à deux cents. Alors, le fils du Léopard déposa Gaw sur la terre et, les yeux hagards, il eut une hésitation suprême.
— Gaw, fils du Saïga, dit-il enfin, Naoh ne peut plus t’emporter devant les Dévoreurs d’Hommes !
Gaw s’était redressé. Il dit :
— Naoh doit abandonner Gaw et sauver le Feu.
Tout engourdi, car, malgré les secousses, il avait dormi sur l’épaule du chef, il se secoua, il étendit les bras, et les Kzamms, parvenus à soixante coudées, levaient leurs sagaies pour commencer la lutte. Naoh, résolu à ne fuir qu’au dernier moment, leur fit face. Les premiers projectiles bourdonnèrent ; lancés de trop loin, la plupart retombaient sans même parvenir jusqu’aux Oulhamr ; un seul, effleurant Gaw à la jambe, lui fit une blessure aussi légère qu’une épine d’églantier. À la riposte, Naoh atteignit le plus proche des Dévoreurs d’Hommes ; ensuite, il transperça le ventre d’un guerrier qui s’avançait à grands bonds. Ce double exploit jeta le trouble parmi les agresseurs d’avant-garde. Ils poussèrent une clameur épouvantable, mais s’arrêtèrent pour attendre du renfort.
Cette pause fut favorable aux Oulhamr. La piqûre semblait avoir réveillé Gaw. D’une main encore faible, il avait saisi un harpon et il le brandissait, attendant que les ennemis fussent à bonne portée. Naoh, voyant le geste, demanda :
— Gaw a donc repris de la force ? Qu’il fuie !… Naoh retardera la poursuite…