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L’IMMOLATION

sa fille, lui achetait de menus objets de toilette, mais dont elle refusait avec horripilation de se parer.

Les secondes atroces de la vie de Séraphine, c’était le matin, au lever du père, le soir, à son retour du travail. Alors venait le renouvellement de sa peine, l’unisson à reprendre, l’induction brusque de l’horrible présence. Mille radicelles pénibles frémissaient dans sa chair, avec une rapide nausée. Puis, au bout de cinq minutes, la morne accoutumance revenait, la résignation noire. Elle servait le café ou le souper, et La Tête s’en allait au travail, ou s’asseyait contre le poêle, chauffait longuement ses jambes.

Mais, parfois, la chaleur l’excitait, une lubricité s’étalait dans ses yeux, dilatait ses narines, et lentement il se levait, marchait sur la pauvre fille terrorisée, attirait le corps maigre et passif, et, blanche d’un abominable dégoût, les yeux clos, elle subissait le monstrueux assouvissement.