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L’IMMOLATION

charna sauvagement sur ce pitoyable corps inerte, devint insensible au reproche de la face pale, aux prunelles en désolation fixées sur lui.

L’hiver coula comme cela. Séraphine aurait voulu prolonger la grande solitude que les gelées, les immenses blancheurs faisaient autour du monticule. En cette saison il n’y passait jamais personne. Décembre fut âpre, avec de beaux firmaments nocturnes, des lunes métalliques errant sur la concavité pure. Accroupie près du feu, les soirs de bise, la paysanne écoutait les vagues syllabitions des arbres, le battement des volets, les rudes batailles d’éléments et quelquefois comme un soupir colossal et lamentable. Bien close, la cuisine ronflait, la lampe de veillée était claire, des scories roulaient dans le tiroir sonore du poêle, et ces deux êtres d’un drame ignoble observaient vaguement la danse des ombres, les images saintes de la muraille, le