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préface

venir à une sagesse nouvelle, de se débarrasser de la manie de jouer au bon Dieu, de se faire à l’idée qu’il faudra, plus tard, s’effacer devant le flot montant de nos héritiers, à l’idée d’être les amis de nos successeurs et non leurs pires adversaires. À la vanité grotesque de régenter les siècles, on substituerait le plaisir d’agir efficacement sur celui où l’on vit. On perdrait une illusion bien vide pour une réalité bien pleine. Et ce n’est pas l’avenir qui en souffrirait ; il souffrirait bien plus si nous persistions à vouloir l’enfermer dans les étroites limites de notre infériorité.

Mais nous n’en sommes pas là. Nous ne sommes pas encore résignés à l’évolution, aux lois fatales du progrès ; nous n’avons pas encore abdiqué le vain orgueil de faire l’admiration de tous les siècles, de bâtir indestructiblement. C’est cet orgueil-là qui fait repousser le novateur, négation vivante de la chimère qu’on caressait ; c’est celui-là