Page:Rosny - L’Immolation, 1887.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
L’IMMOLATION

l’étamine, une blancheur jolie. Elle baissa la tête, et tous deux tiraient des brindilles acérées aux mûriers du chemin.

Cela l’embarrassait bien fort, à la paysanne, de répondre. Elle aurait bien voulu dire oui, immédiatement. Elle était dans l’adoration du jeune homme, dans l’infini désir d’être à lui. Mais, avec le délicat instinct défensif, pudique, de la femelle, elle concevait la maladresse d’accepter si directement, pour son bonheur même et celui de l’amoureux. Et puis, au fond, elle se jugeait bien indigne de lui, quand même elle serait sans tache, et si grande était la saleté de sa vie !

Mais rencontrant les yeux bruns, tendrement et plaintivement fixés sur elle :

— Je vous répondrai le prochain dimanche, dit-elle.

Elle dit cela si doucement, qu’il comprit bien que c’était oui. Alors, comme personne n’était visible, il osa l’accompagner jus-