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L’IMMOLATION

un doux coin de nuit bleue entrait, un coin astral, et l’émanation fraichissante des campagnes, parfois une petite rumeur de cimes et de tigelles. Obliquement, il venait une blancheur, la façade de la maison.

Alors, elle eut la conscience d’une misère noire, d’une destinée abjecte et, sombre, elle restait dans l’étonnement que cette chose eût pu arriver. C’était comme la transformation du ciel et de la terre, et il lui semblait que Celui dont le curé parlait à l’église n’aurait pas dû permettre l’atrocité, et que les bêtes mêmes, ce cheval et ces vaches dormant en paix dans les ténèbres, auraient dû se lever et intervenir.

Les larmes lui vinrent. Elles parurent inépuisables. Il y avait des pauses d’âme où s’élevait le doute de son infortune. Elle joignait les mains, se recueillait, confusément articulait des Pater, des Ave. Mais la sensation de l’acte accompli lui revenait