Page:Rosny - L’Immolation, 1887.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
L’IMMOLATION

quilles, et un groupe, à l’orée, sur une luzernière communale, qui tirait de l’arc. Sans doute, ils s’amusaient. Et le faune misanthrope les envia, pourtant ne serait pas allé vers eux, trop en malaise près des foules. Et il baîllait lentement, les mâchoires craquantes, soufflait avec bruit, quelquefois ressaisi d’une rage soudaine, avec un jurement, une crispation.

Le soleil dévalait, la lumière ayant plus de coloris, moins d’abondance. Un peu d’orange flottait aux rares nuages. Un couple parut au bas du monticule, un homme et une femme, rasa lentement les bords du bois, et, à un angle, La Tête les vit s’embrasser, s’étreindre. Sa chair, contenue depuis son veuvage, trembla sauvagement.

Alors son rêve prit cette forme. Quelques rudes images de plaisir vaguèrent dans son cerveau. Sa femme lui réapparut. Il regretta qu’elle fût morte. L’âpre sang, surexcité par la déception de l’après-midi, flua cruel-