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L’IMMOLATION

faisait peu de gestes superflus, savait l’art d’aller d’une besogne à l’autre, sans rien oublier, elle économisait encore, chaque jour, le temps de coudre de grosses chemises pour un marchand de la ville, et que La Tête rapportait à chaque quinzaine.

Et c’est ainsi qu’elle vivait prisonnière à la ferme, n’en sortant qu’au jour de Dieu, pour aller à la Messe, ou descendant à l’automne, au « Bois », glaner des faines, dont elle tirait l’huile entre deux pierres lisses, et ramasser le bois mort, les fanes, en sorte que la lampe et le poêle avaient leur nourriture gratuitement. Une fois la semaine, il passait une femme du village, qui achetait les œufs, le beurre, le fromage de la ferme, et c’était là un gros événement pour Séraphine, quasi de l’importance d’une couvée bien venue.

Dans cette vie étale, isochrone, était-il, au fond, quelque floraison trouble ? L’interminable monotonie mettait-elle de l’ennui