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l’archipel. Mousoubi, qu’on semble avoir à cœur de confondre avec le Dieu suprême, l’Amé-no kami, doit présider à la victoire des dieux Japonais sur les dieux Aïnos : la lutte sera longue, pénible, mais le triomphe restera au dieu favori des envahisseurs ; et, lorsque ses conquêtes seront terminées, une autre divinité essentiellement japonaise, la grande divinité Solaire, l’Amatérasou oho-kami, prendra, dans les croyances du peuple, la plus large part de la vénération publique.

L’idée d’établir non-seulement une généalogie divine aux mikados, mais même de faire croire à l’existence d’une seule lignée commençant avec la création et se poursuivant d’âge en âge dans la dynastie unique des empereurs Japonais, est une préoccupation constante dont on trouve des traces incontestables dans la cosmogonie populaire du Sintauïsme. Cette cosmogonie est évidemment plus récente que celle où nous voyons figurer la triade de Nakanousi, et l’influence des idées chinoises y est manifeste. Le début est emprunté presque littéralement à la Chine :

« 1. À l’origine, lorsque le Ciel et la Terre n’étaient pas encore séparés, que le principe femelle et le principe mâle n’étaient pas divisés, le Chaos, semblable à un œuf, se forma en nuage renfermant un germe ;

« 2. La partie pure et lumineuse s’évapora et forma le Ciel ; la partie lourde et trouble se coagula et forma la Terre ;

« 3. La combinaison des éléments purs et parfaits fut facile ; la coagulation des éléments lourds et troubles fut difficile. Aussi le Ciel fut-il accompli tout d’abord, et la Terre constituée plus tard ;