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vers le nord de la Perse, à une époque peut-être antérieure à la fondation des grands empires cités dans les annales asiatiques.

Malgré quelques faits militant en faveur d’une telle doctrine, on ne doit y voir qu’une hypothèse vraisemblable sans doute, mais dont la solidité est loin d’avoir été établie d’une façon satisfaisante.

En revanche, ce qui n’est pas une hypothèse, mais un fait historique avéré, c’est qu’à l’apparition de Zin-mou dans les îles de l’Extrême-Orient, il les trouva occupées par un peuple actif, intelligent, jouissant déjà d’une existence politique et sociale assez complexe et d’une certaine somme de civilisation rudimentaire. Ce peuple, dont les descendants refoulés vers le nord occupent de nos jours Yézo, Saghalien et les îles Kouriles, est désigné sous le nom d'Aïno[1] par les ethnographes qui les considèrent comme l’élément autochtone de la population, non seulement de l’archipel japonais, mais encore de la pointe sud du Kamtchatka et de la côte orientale de la Tartarie.

Si, partant de ces données acquises à l’ethnographie, on examine attentivement la cosmogonie du Fourou-koto boumi et celle du Yamato boumi, on ne tarde pas à s’apercevoir que cette cosmogonie est un composé de traditions aïno et de mythes imaginés par les conqué-

  1. Aïno est un mot de la langue de Yézo qui signifie « homme », tout comme le mot kourou, d’où on a tiré « Kouriles » et « Kourilien ». Je ne crois pas qu’on puisse admettre l’opinion suivant laquelle aïno serait une altération du japonais inou « chien ». (Voy. mon article sur les plus anciens monuments de la civilisation japonaise, dans les Mémoires du Congrès international des Orientalistes, première session, Paris, 1873, t. I, p. 63 n.)