Page:Rosny - Feuilles de Momidzi, 1902.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI

LA FORCE HERCULÉENNE

Du bonze Ryau-zyoun





Il était une fois un bonze du monastère de Kwau-gen Zi qui possédait une force musculaire des plus étonnantes. Ce bonze s’appelait Ryau-zyoun et appartenait à la famille de Taka-ki, dont les membres avaient une vigueur corporelle qui est restée proverbiale au Japon. Comme il se fit prêtre, il ne laissa pas de postérité, et la force merveilleuse de sa race disparut avec lui.

Un jour, Ryau-zyoun entreprit un voyage dans l’intérêt de ses études sur la grande route des provinces de l’Est. Il quitta donc son auberge (yado-ya) en hâte, à une heure où il faisait encore très sombre. Arrivé à l’extrémité d’un petit village, il aperçut sur le bord du chemin quatre ou cinq individus fort robustes qui se mirent à chuchoter dès qu’ils l’aperçurent.

Ryau-zyoun se dit alors qu’on traversait en ce moment une année de disette. Bien que ces gens-là aient tout l’air d’être des voleurs de grande route (oi-hagi naran to omohe-domo), il ne lui était pas possible de rebrousser chemin. Il réfléchit donc aux précautions qu’il avait à