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LACUSTRES ET HELVÈTES

CHAPITRE II

LES HELVÈTES

1. Arrivée des Helvètes. — Les Helvètes habitèrent longtemps au nord de la Suisse actuelle, en Allemagne, dans la région du Rhin. Ils aimaient la guerre et ils se joignirent à deux peuples, les Cimbres et les Teutons, pour envahir la Gaule, c’est-à-dire la France actuelle. Un jeune chef intrépide commandait les Helvètes ; c’était Divico. Sur les bords de la Garonne, ils rencontrèrent les Romains, à qui appartenait le sud de la Gaule. Les Romains furent battus et durent passer sous le joug[1]. La bataille eut lieu près d’Agen, environ un siècle avant Jésus-Christ.

Quelque temps après, nous retrouvons les Helvètes sur le plateau suisse, entre le Jura et les Alpes. Ils étaient divisés en quatre tribus ; la principale était celle des Tigurins. Les Helvètes cultivaient la terre et faisaient du commerce avec les peuples voisins.Guerrier helvète.
Fig. 16. — Guerrier helvète.
Mais c’étaient avant tout des guerriers fiers et courageux. L’une de leurs principales villes était Avenches.

2. Orgétorix. — Les Helvètes aimaient les aventures. Ils savaient qu’il y avait en Gaule des territoires plus fertiles que le leur. Un de leurs chefs les plus riches, nommé Orgétorix leur proposa de quitter leur pays et d’aller s’établir en Gaule. Ils acceptèrent et préparèrent l’expédition.

Mais Orgétorix était un ambitieux. Son projet était de devenir roi des Helvètes. Or, les Helvètes ne voulaient point de roi. Ils punissaient de mort par le feu ceux qui cherchaient à le devenir. Lorsqu’ils surent le projet d’Orgétorix, ils lui ordonnèrent de paraître devant l’assemblée du peuple. Orgétorix, se sentant perdu, se tua.

3. Émigration des Helvètes. — L’expédition était prête ; les Helvètes partirent.

Ils brûlent leurs villes et leurs villages. Puis le peuple tout entier se met en route, les hommes à pied, les femmes et les enfants dans des chariots. Des tribus voisines se joignent à eux. À la tête de l’immense colonne marche le vieux Divico. C’était en l’an 58 avant Jésus-Christ.

Les Helvètes se dirigent sur Genève. C’est là qu’ils veulent passer le Rhône, pour continuer ensuite vers le sud. Jules César
Fig. 17. — Jules César
Mais Jules César, célèbre général romain, ne voulait pas les laisser s’établir en Gaule. Il leur barre le passage du fleuve. Les Helvètes suivent alors la rive nord du Rhône, passent le Jura et font route vers l’ouest. Ils traversent la Saône[2]. Mais avant d’avoir tous franchi la rivière, ils sont attaqués par Jules César ; leur arrière-garde est mise en déroute.

Alors Divico se présente à César, avec d’autres guerriers, et lui demande la paix. César répond que les Helvètes doivent avant tout lui livrer des otages. « Des otages, s’écrie Divico ; nos pères nous ont appris à en recevoir et non à en donner. Les Romains devraient s’en souvenir. » Divico et César se séparent.

Les Helvètes continuent leur route, suivis de près par les Romains. La bataille ne pouvait tarder. Elle eut lieu près de Bibracte, non loin de la ville actuelle d’Autun[3]. César en a fait le récit. Il raconte que les Helvètes furent complètement battus et qu’un grand nombre d’entre eux furent tués. Mais son récit n’est pas tout à fait exact.

  1. Le joug était formé d’une pique placée horizontalement sur deux autres piques que l’on avait plantées en terre. Pour humilier les vaincus, on les forçait à passer dessous, en se courbant.
  2. La Saône, rivière de France, est un affluent du Rhône ; elle se jette dans ce fleuve à Lyon.
  3. Autun est une petite ville française, située en Bourgogne.