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LA CONFÉDÉRATION DES TROIS CANTONS

s’adressèrent au roi Henri, qui gouvernait l’Allemagne en l’absence de son père, l’empereur Frédéric II. Ils lui demandèrent de les libérer de la domination des Habsbourg et de les placer sous l’autorité directe de l’empereur. À cette époque, relever directement de l’empire, c’était, pour un peuple, être délivré du joug des seigneurs et devenir à peu près indépendant.

Le roi Henri accueillit bien la demande des Uranais et leur accorda, en 1231, une charte de liberté impériale, leur garantissant qu’ils n’auraient pas d’autre maître que l’empereur. Ils devaient continuer à payer leurs redevances à l’abbaye de Fraumunster ; leurs juges, nommés par l’empereur, ne pouvaient être que des gens du pays. Pour le reste, les Uranais avaient le droit de s’administrer eux-mêmes.

Armoiries de Schwytz.
Fig. 65. — Armoiries de Schwytz.
3. Schwytz. — Le territoire de Schwytz était limité à la partie méridionale du canton actuel. La population se composait principalement d’hommes libres qui se distinguaient par leur amour de l’égalité et leur ardeur à faire respecter leurs droits. Ils furent longtemps en guerre avec le couvent d’Einsiedeln, au sujet de la limite de leurs domaines. Les empereurs d’Allemagne donnèrent raison à l’abbaye ; malgré cela, les Schwytzois refusèrent de se soumettre et continuèrent la lutte. La querelle ne se termina que lorsque les terres contestées eurent été partagées entre eux et l’abbé d’Einsiedeln.

Les Schwytzois relevaient de l’empire et des baillis impériaux qui étaient les Habsbourg, mais ils possédaient d’importantes libertés et avaient en particulier le droit de se réunir en assemblées générales. Redoutant l’ambition des Habsbourg, ils cherchèrent à se placer sous la protection impériale. Ils envoyèrent des délégués à l’empereur Frédéric II, qui guerroyait en Italie, et furent assez heureux pour obtenir de lui, en 1240, une charte d’affranchissement analogue à celle que son fils Henri avait donnée aux Uranais.

Engelberg.

Fig. 66. — Engelberg.

Toutefois, Schwytz ne parvint pas à s’émanciper complètement des Habsbourg. L’empereur Rodolphe de Habsbourg refusa de reconnaître la charte accordée par Frédéric II. Sa puissance était grande et, tant qu’il vécut, les Schwytzois ne purent songer à se révolter contre lui. Il les traita d’ailleurs avec bienveillance, mais cela ne pouvait compenser pour eux la perte des avantages que leur accordait la charte impériale.

Armoiries d’Unterwald.
Fig. 67. — Armoiries d’Unterwald.
4. Unterwald. — La population des riantes et fertiles vallées de l’Unterwald était dans une situation moins bonne que celle d’Uri et de Schwytz. Elle ne possédait pas de terres en commun et n’avait pas reçu de charte impériale. Les hommes libres, moins nombreux qu’à Schwytz, étaient groupés principalement autour de Sarnen et de Stans. Le pays était divisé en domaines appartenant à un certain nombre de seigneurs et de couvents, entre autres aux Habsbourg et à l’abbaye d’Engelberg. En outre, les Habsbourg