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TEMPS PRIMITIFS

Elles eurent pour but de délivrer Jérusalem et la Palestine de la domination des Turcs. Les guerriers chrétiens de tous les pays partirent en foule et, parmi eux, un grand nombre de seigneurs et Chevalier en costume de croisé.
Fig. 46. — Chevalier en costume de croisé.
(D’après une ancienne gravure.)
de paysans de la Suisse actuelle. Ces expéditions furent tout d’abord victorieuses. Les chrétiens s’emparèrent de Jérusalem en 1099. Mais plus tard, ils éprouvèrent des défaites. Toute la Palestine retomba définitivement aux mains des Turcs.

3. La population des campagnes. — Au moyen âge la population campagnarde se divisait en hommes libres et en serfs.

Les hommes libres sont libres de leur personne et possèdent en toute propriété le sol qu’ils cultivent. L’exemple le meilleur que l’on puisse fournir est celui des montagnards de Schwytz, qui ne reconnaissaient d’autre seigneur que l’empereur ou son représentant.

La condition des serfs est beaucoup moins bonne. Ils sont attachés à la glèbe[1], c’est-à-dire au domaine du seigneur. Le serf a une famille, une maison, un champ, mais il n’est que fermier et ne peut pas quitter le domaine. Il doit payer au seigneur des redevances, en particulier la taille ou impôt en argent ; il doit aussi cultiver la terre du seigneur.

Entre l’homme libre et le serf, il y a des situations intermédiaires ; il y a des hommes appelés libres qui ne le sont qu’en partie et des serfs qui ne sont pas complètement assujettis. D’ailleurs les serfs des évêques et des couvents, de même que les serfs des seigneurs qui servent directement leurs maîtres comme domestiques, sont mieux traités que les autres. Le sort des serfs s’améliora peu à peu et beaucoup d’entre eux parvinrent à s’affranchir en rachetant les droits que les seigneurs avaient sur eux.

En Suisse, la nature montagneuse du sol rendait la résistance aux seigneurs plus facile que dans les pays voisins. Jamais la noblesse n’y est parvenue à se rendre aussi complètement maîtresse du pays. Il y subsista, surtout dans la Suisse centrale, un plus grand nombre d’hommes libres qu’ailleurs et le peuple parvint plus rapidement à s’émanciper de l’autorité des seigneurs. Certaines terres, formées de pâturages et de forêts, restèrent la propriété commune des paysans

Paysans apportant leurs redevances au seigneur.

Fig. 47. — Paysans apportant leurs redevances au seigneur.
(D’après un dessin de Bachmann.)
  1. Le mot glèbe vient du mot latin gleba, qui signifie motte de terre.