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Sur ce point seulement nous défendons notre méthode et nous nous livrons, sans résistance, aux autres reproches que l’on pourra nous faire.

On dira que nous avons mis trop ou trop peu de philosophie esthétique ; on relèvera de l’indifférence et aussi de la passion. Nous ne nions aucun de ces défauts. Aucune vue systématique ne nous a guidés ; entraînés par un sujet complexe, notre méthode, elle aussi, a peut-être manqué de simplicité.

Le rôle de l’historien de l’art est fort modeste : il consiste à conduire ceux qui l’écoutent devant les chefs-d’œuvre et à les inviter à regarder après les avoir rendus capables de comprendre[1]. Heureux quand les explications qu’il a fournies à ses auditeurs sont justes. Seraient-elles fausses qu’il n’a pas été entièrement inutile, si, du moins, il a su inspirer autour de lui le désir de voir. Notre joie serait grande de penser que nous avons rendu plus exacte l’intelligence de quelques grands peintres français ; mais, alors que nous nous serions constamment égaré, nous ne rougirons pas de ce livre et nous ne regretterons pas le travail, d’ailleurs bien doux, qu’il nous a coûté si nous avons, selon notre vif désir, communiqué à quelques-uns de nos lecteurs l’amour profond et sincère que nous éprouvons pour la beauté.

  1. Ou, comme le dit Delacroix (Journal, 4 janvier 1837) de « contribuer à apprendre à mieux lire dans les beaux ouvraçes ».