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CHAPITRE QUATRIEME

LES SIGNES PRECURSEURS DE LA REVOLUTION

II. — L’Histoire et la Religion

Ces mêmes années, où le Présent agit d’une façon si profonde sur l’Esthétique Davidienne, avaient vu éclore et grandir une curiosité qui ne devait pas avoir de moindres conséquences artistiques. Le goût et le sens de l’Histoire commencèrent à se répandre en France.

Lorsqu’il proscrivait ou classait eu un rang inférieur les sujets empruntés à l’histoire nationale, David n’avail pas contrarié les goûts de son temps. Le dixhuitième siècle semblait se désintéresser de la connaissance du passé (l). La littérature historique ne fut jamais plus pauvre que vers celte époque et toute la seconde partie du siècle vécut sur l’insipide Histoire de France de l’abbé Velly (2).

Celte histoire n’était pas seulement mal informée, ce qui, au point devuespécial de l’art, eût été un médiocre inconvénient ; elle manquait surtout de toute couleur, revêtait les événements d’une livrée uniforme et restait incapable d’échauffer une imagination artistique.

Le seul aliment susceptible alors de préserver nos origines de l’oubli, ce fut cette collection des Contes Bleus (3), qui t ravestissait le passé, autant qu’elle le ressuscitait , et fut la source principale des erreurs dont s’encombra, au début du dix-neuvième siècle, la connaissance du moyen âge. Aussi, même avant le triomphe de David, les peintres qui s’inspiraient du moyen tige étaient peu nombreux et très faibles. Les tristes productions des Beaufort(4), des Brenet (5) ou de l’ignare Suvée (6) peuvent en donner quelque

(1) Lire la très intéressante Introduction que M. Camille Jullian a placée en tête des Extraits (les Historiens français du XIXe siècle, publics en 1897. (2) Voir Aug. Thierry, Lettres sur l’Histoire de France, Lettre III. — Ln 1817, un peintre, Véron Bellecourt, exposant une mort de saint Louis, cite encore Veli. En 1819, Blondel cite Mézerai. (3) En 1779, le comte de Tressan inaugure la Bibliothèque des Romans, par Amadis des Gaules. (4) Mort de Bayard, 1781, musée de Marseille, sous le n° 6. (3) Mort de Duguesclin , musée de Versailles, sous le n° 120. (6) Mort de Coligny, musée de Dijon, sous le n° 463.