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Boucher, s’il n’avait Vécu en un temps où elles étaient proscrites. Son tableau de Zenon et les filles de Cnide (1) (1769) exaspérait les Davidiens (2) et ne satisfaisait ni pour l’inspiration, ni pour la facture, l’austérité de l’Ecole. Comme artiste, sa pratique était donc originale ; le penchant qu’il avait pour la grâce, une certaine entente de la couleur, le goût des tonalités claires auraient pu imprimer à l’art une direction intéressante ; mais, professeur renomme, habile à préparer aux concours académiques, il ne semble pas qu’il ait agi sur ses élèves d’une façon profonde et nous retrouverons, parmi les défenseurs de l’Ecole mourante, Thévenin, Heim ou Pallière qui sortirent de son atelier. Comme Vincent, Régnault (3) s’était formé avant la naissance de 1 Ecole, mais, plus que Vincent, il en accepta les préceptes. Les Trois Grâces (4), que l’on regarde encore avec plaisir dans une photographie qui en élimine la couleur désagréable, surtout l’Éducation d Achille (5), popularisée par l’admirable ’ gravure de Bervic,* le montrèrent soumis a la mode régnante. Le suinom (h « Père La Rotule », qu’on lui donnait dans les ateliers, rappelle des scrupules anatomiques qui ne devaient pas non plus déplaire à David. Mais des idées moins fermes et moins arrêtées (6), des admirations moins exclusives donnèrent, sans doute, à son enseignement une moindre autorité. Il transmit cette liberté d’esprit, à Guérin, le plus étroit sectateur de David mais le moins capable d’imposer ses principes, Guérin dans l’atelier duquel se prépara la Révolution. En résumé, ce groupe d’artistes, quelque place qu’il ait usurpée, aux yeux des contemporains, n’opposait à David rien de vivant ni de durable et ne devenait. dangereux que par le soin qu’ils laissaient à leurs élèves de se diriger pai eux-mêmes. La postérité, qui les a oubliés, leur a fait justice. Dans la trame de l’histoire on peut négliger leur action.

11 en est tout autrement de Prudhon, le seul artiste français resté enlièiement étranger à l’École, depuis la mort de Greuze sui venue en IMG. Le génie de Prudhon (7) s’est imposé à ses contemporains. Ils ont subi sa (1) Au Louvre, sous le n° 968.

(2) André Chénier, loc. cit. . . . ,

(31 J.-B. Régnault (1754-1829), élève de Bardin ; prix de Rome, 1776 ; académicien, I 783 ; membre d l’Institut, 1795 ; chevalier de la Légion d’honneur. Il a exposé de 1783 à 1 799. (4) Au Louvre, sous le n» 769. .

(5) Au Louvre, sous le n<> 768. La réduction originale, d’après laquelle Bcrvtc a Tait sa gravure, trouve au musée d’Avignon. .

(6) « Praticien habile, sans idée, sans instruction. » Delécluze, David, p. 301. 7) Pierre Prudhon (1758-1823). — Consulter : Ch. Clément, Prudhon. 1868 ;— Delacroix / rut >on (Revue des Deux-Mondes, 1« nov. 1846) ; - Pierre Gauthiez, Prudhon, 1886 ; Les Concourt, L Ar tdu xvnr siècle, tome 11 ; - Quatremère de Quincy, Kloge, dans le Moniteur universel du ^ octobre 18- 4 A Sensier, Le Roman de Prudhon dans la Revue internationale de fart et de la curiosité, lu dcc. 18b. ,