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VITTORE CARPACCIO

de chevaux. Deux nobles destriers piaffants sont notés avec une justesse remarquable. L’un d’eux se caresse la poitrine, l’autre hennit, le col relevé. Ils portent des harnais de cuir d’où pendent des pompons.

Nous assistons enfin au Baptême du roi Aya. Une opposition piquante réunit ici le recueillement et l’allégresse bruyante. Tandis que le saint, la tête baissée, pénétré d’humilité religieuse, baptise le roi et sa suite dévotieusement agenouillés devant lui, un orchestre tartare éclate en fanfare joyeuse. Les musiciens sont réunis sur une estrade recouverte d’un merveilleux tapis persan. Ils font beaucoup de bruit, c’est-à-dire, en transposant, qu’ils sont une tache intense : couleur et lumière, ces gaillards à la grande barbe et au bonnet de mouton rouge vif. Ce groupe éclatant est enlevé de verve avec une bonne humeur évidente. Des fonds harmonieux, fabriques et collines, ont une luminosité légère sur laquelle s’appuient les chaudes vibrations du premier plan.

Que si l’on veut savoir ce qui advint à saint Georges après ce brillant exploit, on l’apprendra de Carpaccio lui-même. La réplique du combat de saint Georges, conservée à Saint-Georges-Majeur, s’accompagne d’une prédelle où est retracée la passion du saint. Sous le règne de Dioclétien, persécuté par Darien, proconsul de Palestine, il subit, sans qu’ils eussent prise sur lui, la série des supplices traditionnels : tenailles, chaudière bouillante : convertit la femme même de son persécuteur et fut enfin décapité.

À la trilogie de saint Georges font suite trois tableaux