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VITTORE CARPACCIO.
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de sainte Ursule et, parmi eux, l’on reconnait Georges et Nicolas Lorédan.

Cependant, il n’est pas de personnage officiels dont on ne se détache un moment : l’œil erre, appelé par le cadre somptueux dans lequel se déroulent ces fastes. Créé, l’on dirait, pour répondre à la richesse veloutée du costume, ce décor étale auprès des velours et des brocarts sa gamme de marbres veinés, le grain doux de ses porphyres, ses briques pâles et le discret rehaut de ses ors.

Que les hasards de la composition entraînent Carpaccio en plein air ou lui imposent la description d’un intérieur, c’est le caractère vénitien qu’il cherche à exalter. Sans rien copier de la réalité, il lui emprunte des éléments qu’il combine en des compositions personnelles, et c’est ainsi que nous voyons le faite d’un palais s’orner d’un couronnement semblable à celui du palais ducal, que l’on aperçoit au bord d’un quai, la tour de l’Horloge. Que les colonnes de marbre du premier tableau des ambassadeurs évoquent saint Marc. De ne sont là que des détails, l’essence de son inspiration est toute lombardesque.

La salle où le roi d’Angleterre donne audience aux envoyés rappelle l’intérieur de Santa Maria dei Miracoli. Le grand pan de muraille à gauche du roi est une mosaïque polychrome et géométrique de marbres rouges, noirs ou verts : sur le montant de l’abside, des médaillons sont cernés d’incrustations régulières : au-dessus de la porte, une coquille dorée sert de fond à une statuette : on admire encore le magnifique plafond à poutres visibles.