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VITTORE CARPACCIO.

des édifices s’élevèrent ; des décorations furent ordonnées qui permirent aux artistes de donner leur plus ample mesure, et parmi eux nul n’a plus que Carpaccio bénéficié de ces nobles entreprises.

La chapelle de la Scuola de Sainte-Ursule est depuis longtemps détruite, mais on a pu en reronstituer le plan et l’aspect. Elle offrait à l’artiste un travail gigantesque : des parois de près de 3 mètres de haut et dont le développement dépassait 34 mètres, sans compter le tableau d’autel auquel était réservée une superficie de près de 5 mètres de liant sur 3 m. 40 de large.

La dévotion à sainte Ursule était très vive à la fin du xve siècle : elle avait pris naissance à Cologne dès le ive siècle et une tradition nouvelle du martyre de la sainte l’avait renouvelée au ixe.

Cette légende propice aux représentations picturales avait été déjà le thème favori d’artistes allemands et flamands lorsqu’elle inspira, à la fin du xive siècle, un peintre de Trévise. Celui-ci avait orné de grandes fresques narrant l’histoire de la sainte la chapelle de Sainte-Marguerite. Leur renommée dut parvenir jusqu’à Carpaccio et il est vraisemblable qu’il s’en soit inspiré. On retrouve en effet chez lui une grande analogie dans le choix des épisodes, et, dans les deux premières scènes du cycle, les attitudes du roi, des ambassadeurs, de la sainte, présentent avec celles de Trévise des ressemblances frappantes. Quoi qu’il en soit, le mérite de Carpaccio n’en est pas amoindri, car, si l’on peut établir entre lui et son prédécesseur des parentés de