Page:Rosenthal - Carpaccio, Laurens.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VITTORE CARPACCIO.
27

paysages les séduisirent non pour leur beauté et leur science, mais pour eux-mêmes, et ils furent spontanément les disciples de Mantegna.

Le goût de la magnificence était en eux, et ils le retrouvaient dans la riche fantaisie de ses motifs décoratifs, mais aussi le goût du pittoresque et la variété des types, des costumes, des accessoires, les enhardissaient à représenter toute la diversité du spectacle qu’ils avaient sous leurs yeux.

L’art mantegnesque mêlé aux influences byzantines allia dans le dernier des Vivarini, dans Carlo Crivelli, peintres relig’ieux, un peu de liberté et de fantaisie à l’habituelle représentation des madones et des saints ; il dégagea complètement Jean Bellin de formules surannées, mais son influence la plus complète fut sur Carpaccio et Gentil Bellin, peintres de la réalité. Ils furent ses disciples en demeurant eux-mêmes ; ils s’efforcèrent de représenter les Vénitiens et leur milieu avec le même souci de vérité qu’apportait Mantegna à ressusciter les scènes antiques.

En 1473. — Carpaccio était alors un jeune homme. — Antonello de Messine revint à Venise, apportant le secret de la peinture à l’huile et tout imbu d’influence flamande. Déjà Jean d’Allemagne avait collaboré avec Antoine Vivarini et les rapports commerciaux de Venise favorisaient les influences nordiques. Les Vénitiens achetaient des gravures et des tableaux aux maîtres des Pays-Bas et de l’Allemagne qu’ils accueillaient avec sympathie. Deux