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VITTORE CARPACCIO.

D’année en année s’élevaient des édifices façonnéspar le génie des Lombardi. Sur le grand Canal, le palais Védramin Calergi dessinait, dès 1481, les lignes de sa façade compliquée d’incrustations symétriques et témoignait l’abandon définitif des brillantes fantaisies gothiques dont la Ca d’Oro avait été le triomphe. Puis c’était la Scuola Sa Marco dont les Trompe-l’œil singuliers égayaient la place San-Zanipolo désignée déjà pour la statue du Colleone.

Six ans plus tard, après des péripéties dramatiques si célèbres, le glorieux condottiere, campé sur son cheval triomphant, profilait sa silhouette hautaine et impérissable.

Déjà, à Santa Maria dei Miracoli, Fietro Lombardo avait réuni, comme en un véritable manifeste, toutes les formules de son art et Carpaccio fut séduit sans doute, par cette architecture svelte, légère, d’une élégance un peu menue tout égayée de placages de marbres polychromes où se jouait une fantaisie de coloriste.

Cependant, sur la place Saint-Marc et la Piazzetta, pour longtemps encore inachevées, se formaient lentement les traits par lesquels nous aimons à résumer Venise. Saint-Marc ajoutait à l’accumulation de ses trésors les marbres et les mosaïques de la chapelle Saint-Zénon ; Bartolomeo Buono dirigeait, en 1496, la construction des vieilles Procuraties en même temps que Mauro Coducci l’érection de l’Horloge.

Le spectacle de cette parure renouvelée enrichissait et avivait l’amour de Carpaccio pour Venise.