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VITTORE CARPACCIO.

traversée et imprégnée par la lumière. Avec ce tableau, on affranchi le seuil de la grande peinture et, autour de Carpaccio, ses jeunes contemporains, Giogione et Titien, ont déjà poussé au-delà. »


XIII


Il serait peu nécessaire d’ajouter à l’examen des œuvres celui des procédés techniques si Carpaccio n’appartenait à une école restreinte qu’il a seul portée à sa gloire.

Distinct par le sentiment, il s’isole aussi par son métier personnel et hardi, et ce serait retrancher quelque chose à son mérite que d’omettre l’analyse de son écriture.

Sans doute, le dessin n’était pour lui qu’un auxiliaire : avec le crayon ou la plume il esquissait ses compositions, agençait ses ordonnance, et nous possédons ainsi de précieux documents.

Les plus rares sont ceux où se développe une pensée déjà riche, presque complète, et qui pour quelque raison inconnu ne reçut pas son exécution, telle cette surprenante et fastueuse Présentationdes Offices.

Parfois aussi, sur une page d’album il cherche une draperie, un mouvement, le mécanisme d’un geste, et dans cet effort de vérité le trait se fait âpre et le relief souligné par des rehauts de blanc devient presque e dur. Quelques beaux portraits d’une facture brève et extrêmement sûre, faits de traits que soutiennent des hachures obliques, caractérisent, avec acuité, une physionomie.