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VITTORE CARPACCIO.

Carpaccio a ressaisi toute sa verve pour dépeindre la Vie de saint Étienne et il n’en est aucun épisode qui ne soit digne d’une description. La Consécration du musée de Berlin se recommande par la beauté du groupe des vieillards, par la hardiesse de la perspective, par le luxe des détails pittoresque. La Dispute de la Brera, aux architectures étranges, présente une excellente série de portraits vénitiens, Ruskin, que l’on aimerait à citer souvent s’il n’arrêtait par l’imprévu de ses jugements, a décrit la Dispute dans un raccourci saisissant : « Saint Étienne dans un coin où personne ne l’imaginerait : les docteurs, l’un dans une chaire, les autres en groupes debout : la figure de saint Étienne rayonnante d’inspiration céleste ; les docteurs qui n’ont pas figure de monstres d’iniquité, mais qui sont des docteurs du temps de Carpaccio, admirables études vraies et tranquilles — docteurs de ce monde, — l’air non pas inspiré, mais infiniment respectable, bon, juste, pénétrant : une parfaite assemblée des vieillards les plus noblement estimés d’Oxford — mais avec plus d’intensité d’attention. »

Dans la Lapidation de Stuttgard, le saint, en extase sous les pierres des bourreaux, est peint avec un bonheur particulier : au fond, on aperçoit un panorama de Jérusalem, mais aussi des montagnes, des vallons, des forêts, un paysage accidenté d’une importance exceptionnelle.

Enfin, c’est dans la Prédication du Louvre que nous goûterons l’accentuation la plus forte et la plus pure de l’orientalisme de Carpaccio.