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Que cela dut un jour mourir de vétusté
Ainsi qu’une maison par ses maîtres laissée ?

Au milieu de la valse étourdie, insensée[1],
Où la passion vole, ivre de volupté,
D’une ronde de morts, a finir empressée,
N’avez-vous pas cru voir le galop emporté ?

Pour moi, je sens venir des larmes à mon âme,
Quand je vois tant de vie à ces beaux corps de femme.
Car je me dis : leurs jours sont comme ces flambeaux ;

Court sera leur éclat, ils passent comme l’onde,
Et le temps qui détruit chaque chose du monde,
Leur crie : Allez finir le bal dans vos tombeaux !

Ainsi, toute douleur se traduit de ta joie,
Flot murmurant du monde, insensé tourbillon !
Dans les larmes toujours ton sourire se noie.
Toujours l’ombre s’élève à côté du rayon !

Marcherons-nous sans cesse en cette même voie ?
Nous faudra-t-il longtemps fendre encor ce sillon ?
Et chaque doux parfum que la nature envoie,
Ne nous doit-il venir que mêlé de poison ?

Oh ! si c’est là le sort des choses de la terre,
Que rien n’y soit réel, et que tout, comme verre,
S’y brise entre les mains de qui veut le saisir,

Enlevez-moi, seigneur, où vraie[2] est toute chose,
Où la douleur n’est point à côté du plaisir,
Où le poison n’est pas un soupir de la rose !

  1. On doit remarquer que les consonances finales en é sont ici trop répétées, on n’en tolère ordinairement, en poésie, que quatre.
  2. Vraie est… est un peu dur ; c’est au lecteur à savoir déguiser les négligences échappées souvent involontairement au auteurs.