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XXXIII

Nous promenant tous seuls, vous me distes Maistresse,
Qu’un chant vous desplaisoit, s’il n’estoit doucereux :
Que vous aimiez les plaints des tristes amoureux,
Toute voix lamentable et pleine de tristesse.

Et pource (disiez-vous) quand je suis loin de presse,
Je choisis vos Sonnets qui sont plus douloureux :
Puis d’un champ qui est propre au sujet langoureux,
Ma nature et Amour veulent que je me paisse.
 
Vos propos sont trompeurs. Si vous aviez souci
De ceux qui ont un cœur larmoyant et transi,
Je vous ferois pitié par une sympathie :

Mais vostre œil cauteleux, à tromper trop subtil,
Pleure en chantant mes vers, comme le Crocodil,
Pour mieux me desrober par feintise la vie.