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XI

De toy ma belle Grecque, ainçois belle Espagnole,
Qui tire tes ayeuls du sang Iberien,
Je suis tant serviteur, que je ne voy plus rien
Qui me plaise, sinon tes yeux et ta parole.

Comme un mirouer ardent, ton visage m’affole
Me perçant de ses raiz, et tant je sens de bien
En t’oyant deviser, que je ne suis plus mien,
Et mon ame fuitive à la tienne s’en-vole.

Puis contemplant ton œil du mien victorieux,
Je voy tant de vertus, que je n’en sçay le conte,
Esparses sur ton front comme estoiles aux Cieux.

Je voudrois estre Argus : mais je rougis de honte
Pour voir tant de beautez que je n’ay que deux yeux.
Et que tousjours le fort le plus foible surmonte.