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POUR HÉLÈNE, LIVRE I.


III


Ma douce Hélène, non, mais bien ma douce haleine,
Qui froide rafraischis la chaleur de mon cœur,
Je prens de ta vertu cognoissance et vigueur,
Et ton œil comme il veut à son plaisir me meine.

Heureux celuy qui souffre une amoureuse peine
Pour un nom si fatal : heureuse la douleur,
Bien-heureux le torment qui vient pour la valeur
Des yeux, non pas des yeux, mais de l’astre d’Helene.

Nom, malheur des Troyens, sujet de mon souci,
Ma sage Pénélope et mon Helene aussi,
Qui d’un soin amoureux tout le cœur m’envelope :
 
Nom, qui m’a jusqu’au ciel de la terre enlevé,
Qui eust jamais pensé que j’eusse retrouvé
En une mesme Helene, une autre Penelope !