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II

Si tu m’aymois de bouche autant comme d’escrit,
Je serois bien-heureux : ta lettre est amoureuse,
Ta parole au contraire est dure et rigoureuse,
Qui la douceur d’Amour de son fiel en-aigrit.

Bien-heureux l’Escrivain qui les lettres t’apprit,
Et ta nourrice soit maudite et malheureuse.
Qui t’apprit à parler d’une voix si douteuse.
Voix qui trouble mes sens, et me tourne l’esprit.

Maistresse, s’il te plaist que mon cœur se console,
Hay-moy par escriture, et m’aymes de parole,
Sans tromper ton escrit, de l’esprit serviteur.

S’il te plaist, ne promets espoir de recompense,
Parle d’autre façon, ton esprit est menteur,
Qui fait parler la bouche autrement qu’il ne pense.