Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/220

Cette page n’a pas encore été corrigée

II

La Mère des Amours j’honore dans les Cieux
Pour avoir trois beautez, trois Grâces avec elle,
Mais tu as une laide et sotte Damoyselle
Qui te faic deshonneur, le change vaudroit mieux.

Jamais le chef d’Argus, fenestré de cent yeux.
Ne garda si soigneux l’Inachide pucelle.
Que sa rude paupière, à veiller éternelle,
Te regarde, t’espie et te suit en tous lieux.

Je ne suis pas un dieu pour me changer en pluye ;
Dessoubs un cygne blanc mes flames je n’estuye,
C’estoient de Jupiter les jeus malicieux.
 
Je prens de tes beaux yeux ma pasture et ma vie,
Pourquoy de tes regards me portes tu envie ?
On voit sur les autels les images des Dieux.