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LXXIX

Je chantois ces Sonnets amoureux d’une Helene,
En ce funeste mois que mon Prince mourut :
Son Sceptre, tant fust grand, Charles ne secourut,
Qu’il ne payast la debte à la Nature humaine.
 
La Mort fut d’un costé, et l’Amour qui me meine,
Estoit de l’autre part, dont le traict me ferut,
Et si bien la poison par les veines courut,
Que j’oubliay mon maistre, attaint d’une autre peine.

Je senty dans le cœur deux diverses douleurs,
La rigueur de ma Dame, et la tristesse enclose
Du Roy, que j’adorois pour ses rares valeurs.

La vivante et le mort tout malheur me propose :
L’une aime les regrets, et l’autre aime les pleurs :
Car l’Amour et la Mort n’est qu’une mesme chose.


FIN DU SECOND LIVRE
DES SONNETS D’HELENE.