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LXXVII

DIALOGUE DE l’AUTHEUR ET DU MONDAIN

Est-ce tant que la Mort ? est-ce si grand mal-heur
Que le vulgaire croit ? Comme l’heure première
Nous faict naistre sans peine, ainsi l’heure derniere,
Qui acheve la trame, arrive sans douleur,

Mais tu ne seras plus ? Et puis : quand la pâleur
Qui blesmist nostre corps sans chaleur ne lumière
Nous perd le sentiment ! quand la main filandiere
Nous oste le désir perdans nostre chaleur !

Tu ne mangeras plus ? Je n’auray plus envie
De boire ne manger, c’est le corps qui sa vie
Par la viande allonge, et par réfection :

L’esprit n’en a besoin. Venus qui nous appelle
Aux plaisirs te fuira ? Je n’auray soucy d’elle.
« Qui ne désire plus, n’a plus d’affection.