Deux contraires effects je sens quand elle passe,
Froide dedans ma bouche, et chaude dans mon cœur.
Vous qui refraischissez ces belles fleurs vermeilles,
Petits frères ailez, Favones et Zéphyrs,
Portez de ma Maistresse aux ingrates oreilles.
En volant parmy l’air, quelcun de mes souspirs.
Vous enfans de l’Aurore, allez baiser ma Dame :
Dites luy que je meurs, contez luy ma douleur.
Et qu’Amour me transforme en un rocher sans ame,
Et non comme Narcisse en une belle fleur,
Grenouilles qui jasez quand l’an se renouvelle,
Vous Gressets qui servez aux charmes, comme on dit,
Criez en autre part vostre antique querelle :
Ce lieu sacré vous soit à jamais interdit.
Philomele en Avril ses plaintes y jargonne,
Et ses bords sans chansons ne se puissent trouver :
L’Arondelle l’Esté, le Ramier en Automne,
Le Pinson en tout temps, la Gadille en Hyver.