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LXVIII

Tes frères les Jumeaux, qui ce mois verdureux
Maistrisent, et qui sont tous deux liez ensemble,
Te devroîent enseigner, au moins comme il me semble,
A te joindre ainsi qu’eux d’un lien amoureux.

Mais ton corps nonchalant revesche et rigoureux,
Qui jamais en son cœur le feu d’amour n’assemble,
En ce beau mois de May, malgré tes ans ressemble,
O perte de jeunesse ! à l’Hyver froidureux.

Tu n’es digne d’avoir les deux Jumeaux pour frères :
A leur germeuse humeur les tiennes sont convenus traires,
t’est desplaisante, et son fils odieux,

Au contraire, par eux tout est plein d’allégresse.
De Grâces et d’Amours : change de nom Maistresse :
Un autre plus cruel te convient beaucoup mieux.