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LXII

Voyant par les soudars ma maison saccagée,
Et mon pays couvert de Mars et de la mort.
Pensant en ta beauté tu estois mon support.
Et soudain ma tristesse en joye estoit changée.

Résolu je disois. Fortune s’est vangee,
Elle emporte mon bien et non mon reconfort.
Hà, que je fus trompé ! tu me fais plus de tort
Que n’eust fait une armée en bataille rangée.
 
Les soudars m’ont pillé, tu as ravy mon cœur :
Tu es plus grand voleur, j’en demande justice
Aux Dieux qui n’oseroient chastier ta rigueur.
 
Tu saccages ma vie en te faisant service :
Encores te mocquant tu braves ma langueur,
Qui me fait plus de mal que ne fait ta malice.