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LVIII

Qu’il me soit arraché des tetins de sa mère
Ce jeune enfant Amour, et qu’il me soit vendu :
Il ne fait que de naistre et m’a desja perdu !
Vienne quelque marchand, je le mets à l’enchère.

D’un si mauvais garçon la vente n’est pas chère,
J’en feray bon marché. Ah ! j’ay trop attendu.
Mais voyez comme il pleure, il m’a bien entendu.
Appaise toy mignon, j’ay passé ma cholere,

Je ne te vendray point : au contraire je veux
Pour Page t’envoyer à ma maistresse Helene,
Qui toute te ressemble et d’yeux et de cheveux.

Aussi fine que toy, de malice aussi pleine,
Comme enfans vous croistrez, et vous jou’rez tous deux :
Quand tu seras plus grand, tu me payras ma peine.